samedi 27 avril 2024
Tabagisme : ces stratégies qui enrhument la lutte

Tabagisme : ces stratégies qui enrhument la lutte

Le tabac constitue un facteur de risque dans six des huit principales causes de décès dans le monde, et fait plus de huit millions de morts chaque année, selon l’Organisation Mondiale de la Santé.

 En Côte d’Ivoire, le nombre de décès dû à ce fléau est estimé à plus de cinq mille (5000), à en croire le Ministère de la Santé ivoirien. Pourtant, pour freiner cette épidémie, une batterie de mesures a été adoptée depuis la ratification par la Côte d’Ivoire de la Convention Cadre de l’OMS pour la Lutte Anti-tabac (CCLAT) en 2010.

Une ratification qui a contraint les autorités ivoiriennes, à prendre plusieurs décrets et textes de loi notamment l’interdiction de fumer dans les lieux publics et les transports en commun en 2012 et l’adoption de la loi anti-tabac en 2019. Malheureusement, malgré ces efforts du ministère de la Santé via le Programme National de Lutte contre le Tabagisme et les autres Addictions (PNLTA), la lutte piétine et l’industrie du tabac continue de se frotter les mains. En effet, la Société ivoirienne des tabacs (SITAB), filiale du Britannique Imperial Brands, a vendu 3,2 millions de tiges de cigarettes au premier semestre 2022, contre 2,9 millions à la même période en 2021, soit une hausse de 8,54%, indique un rapport de l’entreprise consulté et relayé par les ONG de lutte anti-tabac ivoiriennes.

Des chiffres que l’industrie du tabac compte consolider. Car, partout en Côte d’Ivoire, la vente de cigarette parfois à proximité des écoles continue, en violation flagrante à la loi anti-tabac, les espaces chichas se multiplient dans les grandes villes ivoiriennes, la commercialisation des cigarettes électroniques et les produits nouveaux et émergents du tabac comme les snus (une poudre de tabac humide, à sucer ou à chiquer,  conditionné en petits sachets de tabac à lécher ou mâcher Ndlr ) pullulent sur les réseaux sociaux et sont prisés par les plus jeunes notamment les élèves. 

Le décor inquiète les acteurs de la société civile engagés dans la lutte anti-tabac.   « L’accès des produits aux plus jeunes est une véritable plaie qui gangrène la lutte. L’industrie du tabac en tire grandement profit. Car les industriels savent qu’augmenter les taxes sur ces produits permettra de décourager la consommation et de faire supporter les coûts du tabagisme aux fumeurs et à l’industrie du tabac. Conscients que l’augmentation substantielle des taxes et des prix est la mesure la plus efficace pour lutter contre ce fléau, l’industrie du tabac via la Confédération Générale des Entreprises de Côte d'Ivoire (CGECI) actionnent ses leviers pour maintenir une taxation faible et cela en deçà de la norme minimale de 50% préconisée par les directives de l'Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA).

Cette ingérence des industriels du tabac plombe la lutte », déplore Bertin

Mambo, Secrétaire général du Réseau des Communicateurs engagés dans la lutte contre le tabagisme en milieu Scolaire et Universitaire (RECLATSU).  Avant d’ajouter : « La faible taxation des produits du tabac est l’un des maillons faibles de la lutte anti-tabac en Côte d’Ivoire ».

Franck EBI

News Letter

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